Carnet de vacances été 2023 - comment se faire des noeuds au cerveau à cause d'un petit problème...
Première publication le ven. 04 août 2023
Comme beaucoup de monde, les mois d’été sont l’occasion d’être facilement en extérieur, de sortir matériel radio mobile. Mon QRA ne me donnant malheureusement pas la possibilité d’avoir une configuration radio avec antenne à l’extérieur, je profite ainsi de cette période. J’ai la possibilité d’installer une antenne et donc de faire un peu de trafic radio.
Mon équipement pour la HF se compose de :
- une antenne ELKµPAK. J’utilise une canne à pêche afin de mettre l’antenne en configuration V inversée.
- un Common Mode Choke (CMC)
- un µBitx v6, alimenté via une batterie 12 V, je peux également l’alimenter via le secteur
- un ordinateur portable avec une carte son USB
- et bien entendu le câble coaxial : d’un côté 2 mètres de coaxial entre l’antenne et le CMC pour faire le contrepoids et 10 mètre de coaxial pour relier le CMC au transceiver.
Je prends également les quelques instruments de mesures portatifs très utile à un radio-amateur : nanoVNA, tinySA (un analyseur de spectre avec écran intégré) et un LDTZ 35 (un analyseur de spectre couplé avec SNASharp de F4HTQ). Enfin, un peu de connectiques diverses et variées (câbles USB, câble jack audio, etc.).
L’expérience suivante se déroule durant ma villégiature, cet été, dans le Parc Naturel Régional du Livradois-Forez (petite parenthèse, une très jolie région de France). J’installe la canne à pêche pour fixer l’antenne et je l’accorde en me connectant juste après le contrepoids. Je mets tout le reste du matériel en place et je commence dans un premier l’écoute en FT8. C’est plutôt actif, je reçois pas mal de monde à travers toute l’Europe et même certains signaux australiens… tout cela sur 40m. Je n’ai pas regardé la propagation cependant je me dis que c’est plutôt prometteur.
En revanche, j’ai de grosses difficultés à me faire entendre. 3 CQs entendus seulement dans un rayon très très petit de moins de 300 km.
Le lieu où je suis est très agréable, seul le relief pose problème. C’est une cuvette cernée par du mont au-dessus à 200 m voire bien plus. Je conclus que les signaux ne doivent pas sortir facilement de ce creux. Je verrais cela le jour suivant.
Le lendemain, j’ajuste la configuration de l’antenne pour tenter l’émission en NVIS (Near vertical incidence skywave - onde radio ionosphèrique à incidence quasi verticale ) en me disant que cela pourrait améliorer les choses, je descends le sommet de la canne à pêche afin de ne pas dépasser 2m50 à la pointe du V inversé. Le résultat : le même, aucun QSO possible, juste 2 – 3 CQ entendus, toujours avec une distance très légère. Cette seconde journée se solde sur un nouvel échec.
Nouveau jour, nouvelle série de tests. J’ai une légère amélioration, certains CQ sont entendus avec une distance un peu plus importante (300 – 400 km) et même un CQ entendu en Ecosse, cependant toujours aucun QSO n’est possible.
Ce n’est clairement pas concluant et je commence à me poser de très sérieuses questions. Je tente de m’entendre via un des websdr disposition, sans succès.
La réception est reste cependant excellente comme on peut le voir sur ce waterfall.
Ce nouveau test étant un nouvel échec, je décide de plier l’ensemble du matériel et d’aller effectuer des essais sur un point plus haut, en sortant de la cuvette. Je m’attends à avoir enfin des résultats concluants. Je me suis emballé trop rapidement… toujours aucun contact possible.
À ce propos, il est assez difficile de trouver un point plus haut proche de mon lieu de villégiature où je peux poser facilement le matériel, beaucoup de champs ne sont pas accessibles ou alors la forêt est bien dense, ce qui n’aide clairement pas à la propagation des signaux.
Si je résume les choses ces premiers jours : je suis muet, mais absolument pas sourd !
Je tente de déboguer la situation avec le matériel que j’ai sous la main. J’ai récemment acquis un tr(u)SDX. Je n’ai jamais utilisé ce dernier, c’est l’un des objectifs durant cette villégiature dans le Livradois-Forez. Je savais le uBitx fonctionnel, j’ai donc pris les deux dans le cas de défaillance du SDX, je pouvais toujours utiliser l’autre. Il est clairement moins portatif, mais j’étais certain qu’il fonctionne. Pour l’installation et les premiers tests, j’ai préféré utiliser une organisation que je savais totalement fonctionnel (car utilisé l’an dernier). Bref, j’ai donc vérifié, même si je n’ai qu’une antenne, avec le SDX que le signal FT8 émis par le uBitx via l’antenne est écoutable.
Même si je n’ai pas vraiment la possibilité de décoder facilement ce signal, il semble correct. C’est une nouvelle journée d’essai qui se termine, et je n’ai toujours pas réussi à faire de contact. Quelque chose cloche et c’est très bizarre. Comme dit l’adage, la nuit porte conseil.
Le lendemain, je décide de repartir de zéro. Première étape, les mesures et notamment l’antenne. Je branche le nanoVNA à la place du transceiver. J’obtiens alors des courbes très très inattendus qui ne correspondent absolument pas à ce que j’avais obtenu lors de l’installation. Quelque chose cloche clairement. J’ai déplacé l’antenne, cependant je devrais trouver des mesures similaires au premier jour. Ce n’est pas le cas. Et c’est à ce moment-là que je me rappelle que j’avais accordé l’antenne sans le CMC ! Oh la grosse boulette !
J’en déduis tout de suite qu’il y a sans doute un souci avec le CMC. J’ouvre donc le boîtier du CMC, il y a un gros tore dedans et là j’observe que la soudure du blindage sur un des deux connecteurs BNC à lâcher.
Problème, je n’ai pas de fer à souder. Je tente une solution de fortune qui tiendrait jusqu’au retour au shack. Le connecteur BNC est avec une semelle et est « boulonné » au boîtier, je me dis que je peux tente de prendre en sandwich le blindage entre la semelle du connecteur et le boîtier. Ce n’est clairement pas propre comme solution et cela en ferait sûrement grincer des dents certains mais qui ne tente rien n’a rien ! J’arrive donc à faire ce sandwich, je reconnecte le CMC à la ligne de transmission et là, joie en moi, les mesures au VNA sont maintenant cohérentes.
Je rebranche le transceiver et quelques minutes passent, je reçois toujours très bien les signaux, je fais un appel CQ et là, enfin, un tout premier QSO sur 40m. Victoire ! J’en fais quelques autres sur cette bande, assez difficilement mais ça fonctionne.
La propagation n’était pas au rendez-vous sur 40 m, je bascule sur le 20 m et là les QSOs s’enchaînent beaucoup plus rapidement et sur l’ensemble de l’Europe.
Et après une soirée, je me retrouve avec le résultat suivant sur 20 et 40m. C’est pas mal du tout, connaissant la situation topologique dans laquelle je suis, une assez belle cuvette.
Je retiendrais 2 choses de cette expérience, de ces essais.
- quelle belle bêtise initiale de ma part ! J’aurais pu gagner du temps en réalisant correctement mes mesures avec l’ensemble de la ligne de transmission et détecter ainsi rapidement le problème. Je ne referais plus la même erreur.
- la propagation ne semble pas avoir aidé non plus, les jours de mes tests étaient également durant une assez grosse perturbation solaire. Je me note de vérifier l’état de la propagation, via le site HamQSL ou encore DX propagation de DR2W
Catégories: Carnet Tags: transceivers propagation